Le président français Emmanuel Macron et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, sont en Chine cette première semaine d’avril 2023, entre autres, pour tester la capacité à obtenir la coopération de la Chine sur l’Ukraine, comme le souligne The Economist.
- La visite de trois jours comprend de nombreuses réunions bilatérales à Pékin :
- en particulier avec les trois membres les plus importants du comité permanent du bureau politique du parti communiste chinois (PCC) : Xi Jinping, Li Qiang et Zhao Leji.
- La guerre en Ukraine annoncée comme étant au cœur des échanges se solde par un résultat mitigé sur ce point.
- Le PCC s’est révélé inflexible.
- Les attentes des Européens doivent être réalistes, compte tenu du partenariat stratégique de la Chine avec la Russie.
- Cette visite constitue une occasion unique, bien que risquée, pour les dirigeants européens d’afficher la coordination européenne tout en cherchant à convaincre la Chine de faire pression sur la Russie.
- C’est donc en quelque sorte une première réussite.
- Malheureusement, interpeller sur les droits fondamentaux ne semble toujours pas être une priorité pour les Européens en Chine.
- Le PCC s’est révélé inflexible.
- Dans un post Linkedin, le chercheur (Fondation pour la Recherche Stratégique) Antoine Bondaz explique que le président Macron dispose d’une occasion unique pour demander à la Chine une réaction officielle à l’intention de la Russie de déployer des armes nucléaires en Biélorussie.
- Paris attache une importance fondamentale à l’affichage de la coordination européenne, contrairement à la visite précédente du Chancelier allemand Scholz.
- Il est toutefois nécessaire de veiller à ce que l’unité européenne ne se fasse pas au détriment de la coordination avec d’autres partenaires.
- En effet, la position de la France est parfois perçue comme ambiguë à l’égard de la Chine.
- Dans une analyse plus globale, Mark Leonard, directeur du European Council on Foreign Relations, estime que la véritable bataille pour la suprématie internationale ne se joue pas entre les démocraties et les autocraties comme l’affirme le président Biden.
- La confrontation oppose deux modèles d’ordre mondial : un modèle dominé par l’Occident et un autre où la Chine propose sa propre conception de la démocratie.
- Le président chinois, Xi Jinping, a d’ailleurs récemment présenté son « plan de paix » pour la guerre en Ukraine.
- Il a aussi orchestré le rétablissement des liens diplomatiques entre l’Iran et l’Arabie saoudite.
- Mark Leonard insiste : l’idée que les gouvernements occidentaux préservent l’ordre fondé sur leurs règles n’est pas convaincante pour de nombreuses personnes dans le monde.
- Et ce d’autant plus que les gouvernements occidentaux- eux-mêmes – l’ont déjà abandonné sur de nombreux fronts, de l’Irak à la Libye.
- Selon M. Leonard, la plupart des pays rejettent l’ordre mondial issu de la fin de la Guerre froide et considèrent au contraire que le monde évolue vers un accroissement de la fragmentation et de la multipolarité.
- Ainsi, la Chine, dont le seul allié conventionnel est la Corée du Nord, se rend compte qu’elle ne peut pas gagner un concours entre des alliances concurrentes.
- La stratégie de Xi consiste donc à faire appel à la préférence générale du monde non occidental pour l’optionnalité et le non-alignement.
- La confrontation oppose deux modèles d’ordre mondial : un modèle dominé par l’Occident et un autre où la Chine propose sa propre conception de la démocratie.
- Il y a un danger à diviser le monde comme le font les États-Unis, abonde l’analyste polonais Piotr Kaczynski.
- Cela implique que ceux qui se trouvent au milieu doivent être persuadés ou poussés à choisir leur camp.
- Refusant probablement largement ce choix, un grand nombre de représentants étatiques pourraient rejoindre cette vision chinoise du monde actuel.
- La Chine se retrouvera donc en concurrence avec l’Inde pour le leadership du monde non-occidental en désaccord avec le Kremlin.
- Les dirigeants chinois ont probablement raison de penser que la souveraineté sera le thème déterminant de la politique mondiale du XXIe siècle.
- En d’autres termes, favoriser la capacité de décider en dernier ressort plutôt que l’obéissance à des alliés soi-disant plus puissants.
- Surtout au moment où son soft power économique ne convainc plus en Europe.
- Les dirigeants chinois ont probablement raison de penser que la souveraineté sera le thème déterminant de la politique mondiale du XXIe siècle.