Parmi les bouleversements géopolitiques engendrés par l’agression russe contre l’Ukraine, on notera les inquiétudes des anciennes républiques soviétiques d’Asie centrale.
- Directement inscrits dans la zone d’influence de la Russie, les cinq pays de la région ont jusqu’ici adopté une position neutre pour éviter d’irriter Moscou, car ils craignent une agression de la part de la Russie s’ils s’opposent au Kremlin.
- Les opinions divergent dans la région, certains étant nationalistes et d’autres pro-russes par idéologie ou pour des raisons professionnelles.
- Toutefois, les dirigeants d’Asie centrale commencent à partager leurs critiques, le président du Kazakhstan, Kassym-Jomart Tokayev, va jusqu’à s’opposer publiquement aux politiques séparatistes de la Russie dans l’Est de l’Ukraine.
- Les républiques d’Asie centrale restent prudentes et manœuvrent pour poursuivre leurs propres politiques, parfois facilitées par les demandes de Moscou.
- La Russie a courtisé ces régimes autoritaires d’Asie centrale à travers des politiques d’investissements.
- Le sentiment que le rêve d’expansion impériale continue de guider la politique étrangère de Moscou est très prégnant dans la région.
- En témoigne ce long entretien pour Médiapart, du politiste Thorniké Gordadzé, professeur à Sciences Po qui revient sur les troubles en cours en Moldavie et en Géorgie.
- Aussi les anciennes républiques soviétiques cherchent-elles également à attirer l’attention d’autres grandes puissances comme la Chine, les États-Unis et l’Europe pour contrebalancer la pression russe.
- En septembre, le président chinois Xi Jinping s’est rendu dans la région et a délivré un message de défense de la sécurité commune, qui a été interprété comme un message implicite à Moscou.
- Comme l’analyse le site Foreign Policy, l’influence chinoise en Asie centrale ne cesse de croître à mesure que reflue la présence russe, entre échange commerciaux, investissements dans les infrastructures (la Belt and Road initiative) et enjeux de sécurité.
- Dans un long thread très instructif, le chercheur Rudolf Moritz détaille justement le nouveau rôle de « Civilisation globale » que veut se donner la Chine de Xi à travers ces initiatives où se mêlent aide au développement, sécurité, commerce et influence.
- Passée relativement inaperçue cette « Global Civilisation Initiative » a pour objectif de remodeler l’ordre mondial sur une autre base que les valeurs occidentales, et leurs institutions.
- « La modernisation n’est pas l’occidentalisation» aime rappeler Pékin.
- Une influence qui s’affirme et se traduit très nettement par l’attractivité croissante, surtout en Afrique, du forum des BRICS, qu’une vingtaine de pays envisagent de rejoindre.
- Ces évolutions sont mises en perspective et bien analysées par Thomas Gomart dans son dernier livre, Les ambitions inavouées.
- En septembre, le président chinois Xi Jinping s’est rendu dans la région et a délivré un message de défense de la sécurité commune, qui a été interprété comme un message implicite à Moscou.