Thorben Albrecht, pour Agenda Publica, explique que la sécurité n’est pas que militaire, elle est aussi économique. Les biens et services de base ne peuvent être assurés sans une certaine stabilité économique globale. Ainsi, les stratégies de sécurité nationale et européenne doivent impérativement inclure les relations économiques internationales.
- Aucune forme de repli n’est souhaitable.
- L’utopie économique mondiale serait une interconnexion de marchés ouverts, régie par des normes mises en place par des organismes multilatéraux supranationaux comme l’OIT et l’OMC.
- Or les marchés capitalistes sont de facto sujets aux crises, tant d’approvisionnement que de modèle.
- L’impact sur l’économie mondiale devient alors un levier géopolitique.
- Par conséquent, les entreprises diversifient leurs chaînes d’approvisionnement et leurs débouchés.
- S’il faut avoir des exigences quant aux normes à respecter, il n’est actuellement pas envisageable de couper, dans l’immédiat, les liens avec certains pays qui ne respectent pas les règles du jeu.
- Pourtant les entreprises concernées doivent s’efforcer de faire respecter les droits fondamentaux et du travailleur.
- Aussi, l’UE doit sortir du cadre strict actuel de régulation de la concurrence pour autoriser les subventions publiques dans les domaines clés.
- Elle doit aussi diversifier ses apports en matières premières, à l’instar de la diversification en énergies fossiles consécutivement au conflit en Ukraine.
- Si l’occasion se présente, il faut aussi relocaliser ou assurer les chaînes de production et d’approvisionnement.
- Idéalement, tout ceci se prévoit par le biais de traités multilatéraux mais un bilatéralisme peut être efficace s’il est transparent et respecte les normes.
- Face aux rapprochements inquiétants entre Etats d’Afrique du Nord avec la Russie et la crise énergétique engendrée par cette dernière, la Commission cherche à nouer des liens UE-Algérie.
- Outre les relations économiques et d’armement, on relèvera que l’Algérie s’est abstenue de condamner les annexions russes ce qui étonne un certain nombre d’observateurs.
- Cette urgence de la sécurité économique du continent semblerait avoir ravivé de nouveau l’amitié franco-allemande : Bruno Lemaire, ministre français de l’économie, et Robert Habeck, vice-chancelier allemand et ministre fédéral de l’économie, ont publié mardi 22 novembre une déclaration commune pour établir une politique industrielle européenne poussée par le moteur franco-allemand.
- Elle est présentée comme une une réponse à l’Inflation Reduction Act de l’administration Biden, qui menace le commerce européen.
- B. Lemaire déclare : « Nous sommes entrés dans une nouvelle mondialisation. La Chine est dans cette mondialisation depuis très longtemps avec des aides publiques massives qui sont réservées exclusivement aux produits chinois, le fait est que les Etats-Unis viennent d’entrer dans cette nouvelle mondialisation sous nos yeux pour développer leur capacité industrielle sur le sol américain. L’Europe ne doit pas être le dernier des Mohicans ».
- Malheureusement, l’impératif stratégique de l’économie énergétique continue d’être délaissé tandis que les autres puissances mondiales se dépêchent d’établir leur influence dans le secteur.
- La Chine et le Qatar ont signé un accord de gaz naturel liquéfié portant sur environ 5,6 milliards de mètres cubes de gaz par an pendant 27 ans.
- La Chine dispose ainsi d’un avantage net, puisqu’elle est devenue un marché intermédiaire du GNL, achetant ses stocks dans le cadre d’accords à long terme et les revendant à des prix plus élevés à ceux qui n’ont pas réussi à conclure de tels accords, à savoir l’Europe.
- Une telle dépendance vis-à-vis de la Chine, que ce soit pour l’énergie ou pour la technologie, place l’Europe dans une situation inconfortable étant donné son autre dépendance : l’armée américaine.
- Les Etats-Unis ont contribué à la guerre en Ukraine plus que tous les pays européens réunis.
- Toutefois, les États-Unis affichant de plus en plus clairement leur position anti-Chine, l’Europe doit trouver un moyen d’équilibrer cette double dépendance.
- La dépendance excessive à l’égard de la Chine est également un problème en Europe, étant donné l’opposition de certains aux technologies 5G et aux politiques de travail forcé de la Chine.
- Le discours politique au sens large ne prend pas en compte les effets d’entraînement qu’une mauvaise gestion de ces dépendances et une dépendance excessive à l’un ou l’autre partenaire pourraient avoir en termes d’impact sur les chaînes d’approvisionnement mondiales.
- Le cadre institutionnel européen présente également quelques faiblesses potentielles en termes de production de réponses cohérentes à de tels défis, susceptibles de garantir l’intérêt général de l’Union tout entière.
- Il reste à voir comment l’Europe planifiera sa diplomatie étrangère dans ce nouveau paysage de tensions entre les États-Unis et la Chine, qui ne manquera pas de s’installer durablement dans les affaires internationales.
- La Chine et le Qatar ont signé un accord de gaz naturel liquéfié portant sur environ 5,6 milliards de mètres cubes de gaz par an pendant 27 ans.
- Les élections actuelles aux Etats-Unis pourraient être décisives dans la trajectoire des futures alliances européennes.
- Les démocrates n’ont pas perdu totalement la main face aux républicains isolationnistes aux Etats Unis provoquant un soulagement côté européen.
- Le partenariat transatlantique prospère et s’accorde après une période difficile face aux nouveaux défis qui les unissent.
- Cependant l’horizon imminent reste incertain. L’UE alloue deux fois moins d’aides que les Etats-Unis, or les républicains ont repris contrôle de la chambre des représentants et pourraient décider de ne plus octroyer un budget si important (24 milliards de $).
- Aussi des divisions se dessinent quant à la résolution du conflit russo-ukrainien au sein de l’UE.
- L’isolationnisme et la guerre commerciale avec la Chine des Etats Unis menace également l’UE.
- Les démocrates n’ont pas perdu totalement la main face aux républicains isolationnistes aux Etats Unis provoquant un soulagement côté européen.
- Enfin l’héritage de D. Trump se fait encore sentir dans la direction du parti républicain.
- Dans l’intérêt de tous, l’UE doit donc réduire sa dépendance des Etats Unis durant les deux ans de mandat qu’il reste à J. Biden.
- S’il venait à être institué président de nouveau, l’UE serait un partenaire bien plus sain. Si Trump revenait, l’UE serait plus à même de se protéger.