“La Hongrie ne peut plus être considérée comme une démocratie” : c’est un petit coup de tonnerre que le Parlement européen a fait résonner, en votant d’une majorité confortable le rapport de la députée européenne Gwendoline Delbos Corfield (FR-Verts) par 433 voix pour, 123 contre et 28 abstentions.
- Faisant suite au précédent rapport voté en 2017, qui alertait sur “les risques de violation grave par la Hongrie des valeurs sur lesquelles l’Union est fondée” (Sargentini, NL-Verts), et l’invitation au déclenchement de l’article 7 du TUE en 2018 ce nouveau rapport examine tout particulièrement le système électoral du pays, son indépendance judiciaire, les libertés académiques et religieuses et la protection des droits des populations vulnérables.
- En confirmant la tendance du régime de V. Orban à s’affranchir de l’État de droit, le rapport estime que le pays est désormais une “autocratie électorale”.
- Autocratie – et kleptocratie, en outre. Les accusations de corruption et de détournement de fonds publics pour enrichir des personnalités proches du parti Fidesz sont récurrentes. (cf EIH).
- La Commission européenne a proposé de réduire de 7,5 milliards d’euros le financement de l’UE pour la Hongrie en raison de violations de l’État de droit.
- C’est l’application du « mécanisme de conditionnalité », un dispositif en place depuis 2021 qui permet de couper les subsides aux États où des violations de l’État de droit “portent atteinte aux intérêts financiers de l’UE”.
- Toutefois, comme pour le précédent relatif à l’article 7, la décision revient désormais au Conseil, institution composée des représentants étatiques.
- Le gouvernement Orban se prépare déjà à plaider sa cause auprès de ses pairs, défendant sa bonne volonté illustrée par un paquet de réformes promises fin août, qu’elle a commencé à mettre en place.
- Elle devrait pouvoir compter sur l’amitié de la Pologne, dont le Premier ministre annonce renouveler son soutien à Budapest: comme le tweete l’eurodéputé Daniel Freund (DE-Verts), “quand il s’agit d’Etat de droit, les divergences causées par la guerre sont oubliées”.
- Si le 25 septembre se confirme la victoire de Giorgia Meloni, qui a récemment réitéré son soutien au Premier Ministre hongrois, on peut aussi imaginer le soutien d’un gouvernement italien d’extrême-droite.
- Les soutiens aux partis favorables au modèle de démocratie illibérale s’expliquent en bonne partie par le soutien du Kremlin dont ils bénéficient depuis quelques années.
- Les services de renseignement américains ont révélé que la Russie a dépensé plus de 300 millions de dollars depuis 2014 pour influencer des représentants politiques afin de diffuser des arguments pro-Kremlin dans les cercles médiatiques américains et européens.
- Le meilleur exemple en est la société de médias RT, propriété de la Russie, qui diffuse de la désinformation sur le COVID, des théories du complot, de la propagande illibérale et des arguments xénophobes aux publics susmentionnés.
- La manifestation la plus évidente en est la Hongrie et dans le parti Fidesz de V. Orban, mais elle ne s’y limite pas, comme le montrent les liens de notoriété publique entre le Rassemblement national de Marine Le Pen et Poutine et les prochaines élections en Italie et en Bulgarie.
- Les services de renseignement américains ont révélé que la Russie a dépensé plus de 300 millions de dollars depuis 2014 pour influencer des représentants politiques afin de diffuser des arguments pro-Kremlin dans les cercles médiatiques américains et européens.
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- Dans son enquête pour Visegrad Insight, Bohdan Bernatskyi propose un certain nombre de mesures qui pourraient être rapidement adoptées afin d’endiguer l’ingérence russe dans les processus électoraux européens :
- pénaliser réellement le fait de recevoir de l’argent du Kremlin avec des conséquences politiques et juridiques.
- Interdire dans l’espace politique européen les avantages ou les cadeaux provenant du gouvernement russe et des organisations qui lui sont affiliées. Débarrasser les partis européens des agents russes infiltrés et du blanchiment d’argent orchestré par la Russie.
- Cela nécessite de reconsidérer l’organisation du GAFI, lancé pour lutter contre le blanchiment d’argent, mais qui accueille toujours la Russie comme membre.
- Dans son enquête pour Visegrad Insight, Bohdan Bernatskyi propose un certain nombre de mesures qui pourraient être rapidement adoptées afin d’endiguer l’ingérence russe dans les processus électoraux européens :