Le sommet informel qui a rassemblé les chefs d’État et de gouvernement européens à Versailles les 10 et 11 mars 2022 a été l’occasion de mettre en avant la souveraineté européenne, et la notion d’autonomie stratégique de l’Union.
- L’agression de la Russie contre l’Ukraine amène l’Union européenne à avancer sur trois dossiers :
- le renforcement des capacités de défense européenne ;
- la réduction des dépendances énergétiques ;
- et la construction d’une base économique solide, comme l’indique la lettre d’invitation, du président Charles Michel.
- En matière de défense, les dirigeants européens ont réaffirmé leur souhait d’assumer une plus grande responsabilité concernant la sécurité de l’Union, à suivre une ligne d’action stratégique, renforcer la capacité de l’UE pour être davantage autonome.
- Ils rappellent la nécessité d’une coordination étroite en la matière avec les partenaires et les alliés, notamment la coopération entre l’UE et l’OTAN, la stimulation de l’investissement dans les capacités de défense et de technologies innovantes, et l’augmentation des dépenses en matière de défense.
o En parallèle, l’Union continue d’apporter son soutien à ses partenaires par le biais d’instruments de politique étrangère, comme la FEP.
- Si la rapidité et l’unité de la réponse européenne à la Russie ravivent les espoirs d’une relance européenne en matière de défense, soutenus par l’allocution d’Emmanuel Macron du 2 mars 2022, France info revient sur les difficultés de la mise en place d’une défense européenne commune.
- La défense est par principe une compétence régalienne donc les prérogatives européennes relèvent de la coopération entre les États membres de l’Union.
- Des outils et des instruments financiers sont mis en place et à disposition de l’UE, permettant une coordination des opérations militaires communes, mais également un soutien à la recherche militaire par exemple.
- L’une des difficultés d’assurer une Europe de la défense relève du fait que l’UE dispose de 27 armées différentes, aux cultures militaires et stratégiques hétérogènes.
- La raison est également financière, les pays européens ne souhaitant pas investir dans la défense de la même manière, les intérêts et priorités pouvant être divergents.
- L’invasion de l’Ukraine a permis de faire ressortir une réelle unité européenne sur le sujet de la défense. L’annonce du Danemark de vouloir rejoindre la politique de défense de l’UE par référendum en est la preuve.
- Alors que le pays, déjà membre de l’OTAN, se tenait à l’écart de cette politique depuis trois décennies, la Première ministre a déclaré qu’il s’agit ici d’une décision fondée sur des valeurs: . « Il y avait une Europe avant le 24 février, et une autre après ».
- De plus, le pays a indiqué souhaiter devenir indépendant du gaz russe, le plus rapidement possible, a décidé de consacrer 2% de son PIB à la défense d’ici à 2033, et d’augmenter d’un milliard d’euros les dépenses militaires durant les deux prochaines années.
- Dans le même sens, les Premiers ministres finlandais et suédois ont demandé au Conseil européen d’activer la clause de défense mutuelle en cas d’agression, prévue par le traité sur l’Union européenne à son article 42.7.
- Cette clause établit que si un État membre de l’UE subit une agression armée d’un pays tiers, les autres pays ont l’obligation de lui prêter assistance et de le défendre par les moyens à leur disposition.
- Une nuance est précisée, à savoir que les engagements et la coopération dans ce domaine doivent demeurer conformes à ceux souscrits au sein de l’OTAN, qui continue d’être le fondement de la défense et l’agence d’exécution pour les États membres.
- Les deux pays appellent ici à la solidarité européenne dans le contexte en Ukraine.