L’agression russe ce matin sur l’Ukraine après des semaines de tensions croissantes fait craindre désormais une escalade. Le discours du président russe, cette nuit, pour justifier l’opération militaire, allant jusqu’à dénier à son voisin le droit à l’existence comme nation indépendante et la menace directe adressée aux occidentaux de s’abstenir d’intervenir dans le conflit, constituent un tournant stratégique et historique. ll ne s’agit plus de pressions pour élargir une zone d’influence, mais d’un conflit international, d’une guerre assumée.
Retour pour cette EIH spéciale Ukraine sur les jours précédents…
L’organisation pour la sécurité et la coopération en Europe a constaté une augmentation spectaculaire des violations de cessez-le-feu dans l’Est de l’Ukraine, selon Libération. Celles-ci concernent des violations sur la ligne de front, et notamment des explosions.
Lundi 21 février, lors d’une déclaration télévisée, Vladimir Poutine a annoncé la reconnaissance de l’indépendance des régions séparatistes pro-russes, la souveraineté des républiques populaires de Donetsk et de Louhansk. Cette déclaration remet donc en cause les accords de Minsk de 2015.
- Dans une relecture très particulière de l’histoire de l’URSS, et de l’Ukraine, le président russe a nié toute légitimité à l’Ukraine contemporaine et remis en cause son droit à l’existence.
- Il dénonce aussi le régime de Kiev comme hostile et inféodé aux États-Unis.
Cette déclaration met en échec les tentatives de dialogue diplomatique d’Emmanuel Macron, les réactions de condamnation n’ont pas tardé dans les capitales européennes, selon Monde.
- Trois des représentants actuels de l’UE : le président Macron, Charles Michel et Ursula von der Leyen ont dénoncé la violation unilatérale des engagements internationaux de la Russie, celle-ci portant atteinte à la souveraineté de l’Ukraine.
- Les eurodéputés avaient déjà plaidé pour accélérer la préparation des sanctions à l’égard de la Russie, notamment la suspension du projet gazier Nord Stream 2.
Précipitant la fin de l’ambiguïté allemande dans le conflit avec la Russie, le mardi 22 février 2022, moins de vingt-quatre heures après la déclaration de Vladimir Poutine, le chancelier Scholz a décidé de suspendre la procédure de certification du gazoduc NordStream 2.
Dans la nuit de mercredi à jeudi, le président russe a annoncé le lancement de l’opération militaire en Ukraine, plusieurs explosions ayant retenti dans l’est du pays. Les Échos indiquent que, durant les premières heures, l’offensive a été fulgurante, avec le déclenchement de bombardements massifs par avions, des missiles de croisière et balistiques, ou encore des troupes au sol qui progressent dans plusieurs villes du pays. L’article estime que ce scénario militaire et géopolitique est le «pire conflit en Europe depuis 1945, avec une invasion sur quatre fronts à la fois et non pas une simple « incursion » depuis le Donbass ».
Ce jeudi matin, sur France Inter, Sonia Devilliers revient dans l’instant M sur la “prise de contrôle des esprits” de Vladimir Poutine sur la population russe. En vue de préparer le terrain aux opérations lancées en Ukraine, le président russe semble véritablement “armer” l’opinion publique, en utilisant l’information comme propagande, suscitant la haine, la peur voire la paranoïa.
Consécutivement à l’annonce du lancement de l’invasion en Ukraine par la Russie, le ministre des Affaires étrangères hongrois a réagi en convoquant l’ambassadeur de Russie à Budapest. Dans ce cadre, ce dernier veut défendre l’intégrité territoriale et la souveraineté de l’Ukraine, et insiste sur le fait qu’il participera à la réponse commune tenue par l’Union européenne. C’est un signe intéressant sur le réalignement européen de Viktor Orban, à quelques semaines d’élections législatives cruciales pour lui. On peut imaginer que la contrepartie se lira dans l’allègement de la pression sur les questions d’État de droit.
Parmi les réactions, ces manifestations spontanées devant l’ambassade de Russie à Paris. En Allemagne où le débat a toujours été paralysé par l’indulgence du SPD à l’égard de Moscou, et le découplage entre les questions géopolitiques et énergétiques (EIH – Nordstream),, la question se pose “avons-nous été trop complaisants avec le Kremlin?”, titre le tabloid Bild.
Emmanuel Macron : « Nous sommes prêts (…) À cet acte de guerre, nous répondrons sans faiblesse, avec sang-froid, détermination et unité ».