De l’assiette à la planète : changer le système agricole est primordial. Selon le dernier rapport du GIEC, l’agriculture est responsable de 23% des émissions de gaz à effet de serre à l’échelle mondiale.
- De ces émissions, le méthane représente la moitié et pour la première fois, il figure à l’ordre du jour des négociations internationales sur le climat.
- Lors de la COP26, une initiative conjointe de l’UE et des États-Unis a émergé pour réduire les émissions de méthane au niveau mondial. L’objectif est de diminuer de 30 % les émissions de méthane d’ici à 2030 par rapport aux niveaux de 2020 (voir EIH 21/10 et 23/09).
- Afin d’arriver à cet objectif, le monde de la recherche préconise la diminution des cheptels comme principale solution. Le modèle «Tyfa» est mis en avant à ce sujet : il table sur une baisse en volume des élevages de 45% d’ici à 2050.
- Toutefois, à l’exception de la Confédération paysanne et du Modef (les syndicats agricoles français) cette proposition de décroissance passe mal. En effet, les syndicats majoritaires (FNSEA, Jeunes Agriculteurs et Coordination rurale) proposent plutôt des ajustements et des correctifs au système actuel: couverture des fosses, changement de régime alimentaire des cheptels, sélections génétique.
- Dans cette divergence se joue au fond la vision de la transition écologique envisagée par certains dirigeants pour qui l’innovation, et non pas l’évolution de nos modes de consommation, serait la solution au problème (voir EIH 04/11).
- Le seul dénominateur commun reste l’exigence d’un accompagnement financier des mesures.
- L’enjeu du changement de modèle agricole, surtout d’élevage, est aussi un enjeu pressant à la fois sur le climat et la biodiversité: selon la FAO l’agriculture est responsable à près de 90 % de la déforestation mondiale, que ce soit par l’expansion des terres agricoles (52,3 % – dont une majorité consacrée à cultiver de quoi nourrir les cheptels) ou par les pâturages (37,5 %).
- D’où les enjeux du champ d’application du futur règlement européen sur la déforestation importée, et la mobilisation des ONG environnementales, pour que la Commission européenne prenne plus au sérieux la déforestation causée par le soja industriel et ses produits dérivés, en particuliers la nourriture du bétail.