Après l’onde de choc afghane et AUKUS, l’UE tente toujours de tirer les leçons de son positionnement dans l’incertitude stratégique globale, avec une réunion mardi 5 octobre en Slovénie pour « une discussion stratégique sur le rôle de l’Union sur la scène internationale ».
- Les conclusions orales du président Charles Michel exposent que les Européens sont toujours au milieu du gué, entre liens avec l’OTAN, et renforcement parallèle des moyens militaires européens. Il a d’ailleurs annoncé, samedi 9 octobre, faire de 2022 « l’année de la défense européenne ». Malheureusement, les ambivalences persistent.
- Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a clarifié : « Les États-Unis restent le partenaire stratégique le plus proche et le plus important de l’Europe » et il n’y a, selon lui, aucun doute sur le fait que « cela doit continuer ».
- Selon Hilde Vautmans, du groupe Renew au Parlement européen, l’Europe doit « lancer sa propre armée européenne, non pas pour affaiblir l’OTAN mais pour la renforcer ».
- Le secrétaire général de l’alliance insiste toutefois que “créer une structure alternative en disant qu’on peut se débrouiller tout seuls va affaiblir l’OTAN et diviser l’Europe”.
- Selon Le Monde : “on a retrouvé les divisions classiques entre les Vingt- Sept pour ce qui est de la relation avec l’Alliance. Les pays de l’Est et baltes en restent des partisans inconditionnels. Le Danemark, l’Irlande et les Pays-Bas défendent le principe d’un lien stratégique avec l’OTAN. En clair, l’idée d’une Europe de la défense forte voulue par Emmanuel Macron ne fait toujours pas l’unanimité.”
- L’intégration pourrait venir des réponses aux nouvelles menaces. Ainsi, une politique de cyberdéfense commune et une coopération accrue au niveau de l’UE en matière de cybercapacités sont des éléments essentiels pour bâtir une Union européenne de la défense plus solide et plus approfondie, estiment de leur côté les eurodéputés dans un rapport adopté jeudi. Or, là encore, la cacophonie est de mise.
- Selon les eurodéputés, et le rapporteur Urmas Paet (Renew Europe, ET), l’UE doit devenir technologiquement plus indépendante, innover et investir davantage dans les capacités et le personnel de cyberdéfense.
- Cependant, la France, qui avait été parmi les premiers promoteurs de l’idée d’autonomie stratégique, fait un bond en arrière, indique implicitement le chercheur Antoine Bondaz en remplaçant le cloud souverain par un cloud de confiance.
- Le “cloud souverain” avait pour objectif de mettre des données publiques ou privées sur des serveurs à l’abri de toute ingérence étrangère grâce à l’utilisation d’une technologie française ou européenne.
- Le nouveau concept de “cloud de confiance”, moins contraignant, permet aux géants américains, en collaboration avec des entreprises françaises, de s’inviter dans les données des administrations publiques.