La première dynamique de recomposition de la scène globale, la rivalité stratégique sino-américaine, continue d’affecter l’UE dans ses fondamentaux.
- Alors que le lien transatlantique est secoué par l’affaire des sous-marins australiens, l’instance de coopération US-UE, qui doit se réunir le 29 septembre à Pittsburgh, semble indiquer que l’UE et Washington envisagent de mieux coordonner leurs politiques commerciales.
- Le spécialiste des relations internationales, Bertrand Badie, explique à ce propos que de nos jours les menaces auxquelles le monde fait face ne sont plus les rivalités entre États mais des sujets beaucoup plus globaux tels que les crises alimentaires, climatiques et sanitaires.
- Dans un monde où le mot “alliance” a perdu de son sens, où les intérêts économiques prennent le dessus, où chacun est dépendant des autres, même de ses ennemis, l’Europe, en particulier face au nationalisme croissant et au repli sur soi des États-Unis, doit se mobiliser en faveur d’une relance du multilatéralisme et du progrès de la gouvernance mondiale.
- Dans ce contexte, le politiste précise qu’il est incohérent de miser sur l’Europe de la défense puisque les problèmes ne sont pas continentaux mais bien mondiaux.
- Il serait alors faux de croire que l’Europe n’a pas son rôle à jouer dans l’affrontement indirect qui oppose les États-Unis à la Chine et à la Russie. Toutefois, c’est ce que semblent croire la plupart des citoyens de 12 États-membres de l’UE.
- Un sondage réalisé par l’ECFR indique que peu d’Européens voient leur pays comme un participant direct de cet affrontement.
- Seuls 15% des interrogés pensent que leur pays est en guerre froide avec la Chine, 25% avec la Russie.
- 31% pensent que l’Union européenne est en guerre froide avec la Chine, 44% avec la Russie.
- L’écart observé quant à la méfiance entre Chine et Russie pourrait être dû à l’influence qu’exerce la Chine directement au cœur des sociétés et des institutions des Etats membres.
- Un épais rapport publié par l’Institut de recherche stratégique de l’École militaire (Irsem) explore les opérations d’influence chinoise
- Il met en exergue trois leviers clés : la guerre de l’opinion publique, la guerre psychologique et la guerre du droit.
- Censées « façonner un environnement favorable à la Chine […] et défavorable à ses ennemis » et renforcer le pouvoir politique du Parti communiste, ces actions sont conduites aussi bien auprès du grand public que des organisations internationales, des chercheurs et des élites politiques et économiques.
- L’affrontement indirect entre les États-Unis d’un côté et la Chine et la Russie de l’autre est souvent qualifié de “Nouvelle Guerre Froide”.
- Bertrand Badie corrige : “on s’égare à mobiliser des vieilles formules pour rendre compte des situations nouvelles”.
- Il n’y a plus deux blocs bien distincts comme au siècle précédent. Au contraire, les Occidentaux rencontrent la Chine sur un double terrain : la convergence des enjeux globaux et la pratique de l’interdépendance.
- L’UE a d’ailleurs indiqué mardi 28 septembre que « même si des désaccords persistaient, l’UE et la Chine devaient continuer à s’engager intensivement dans un certain nombre de domaines importants ».